faire peur

Je n'aime pas l'idée que je puisse susciter la peur.

Je m'accommoderais volontiers d'effrayer les mouches, les moustiques, les chiens. De repousser les importuns, les irrespectueux de la vie et de ma propre présence ici-là-bas.

Mais faire peur au nouveau né qui découvre mon visage,

à une inconnue dans la rue, à un ami à ma table, 

à la femme qui est dans mon lit....

Lire la crainte dans le regard de l'autre à mon contact

et le voir se fermer dans sa carapace de silence..

Ces expériences me laissent sans voix pour m'excuser, sans jambes pour m'enfuir.

Au constat de produire ce que je ne voudrais pas vivre, 

je me sens nuisible à l'autre et regrette d'exister.

Pourtant, d'autres fois, je suis fier pour quelque temps lorsqu'il m'arrive d inquiéter un gardien de l'ordre, d'effrayer un satisfait de l'injustice, voire terrifier une bourgeoise égocentrée. 

J'avoue une satisfaction moqueuse et revancharde  à surprendre alors dans leur regard, cet éclat de doute sur la nature de l'instant qui va suivre.

                                                                            TR